Au Sénégal, la lutte traditionnelle rivalise de popularité avec le football. Elle remplit les stades, emflamme les supporters, et génère des sommes d’argent colossales. Comme pour le ballon rond, les femmes ont rarement l’occasion de se distinguer. En Casamance pourtant, elles ont leur place dans l’arène. Le festival des Rizières, en avril à Diembering, ou les fêtes du roi d’Oussouye à l’automne, apportent de rares occasions de voir des lutteuses se terrasser. La quasi-totalité des femmes de l’équipe nationale de lutte sont originaires de Casamance, et certaines se sont faites une place dans des compétitions internationales. Mais les lutteuses restent confrontées à pas mal de préjugés. Casamance, avril 2013 - © Laeïla Adjovi | Aïssatou Diba, 20 ans, Sirefina Diediou, 19 ans, (au centre) et Aminata Diatta, 16 ans, s’entraînent sur une plage du village de Diembering, en basse Casamance. Une tradition de lutte féminine très ancienne existe en Casamance. | Sirefina Diediou et Sylvie Faye ont rejoint l’équipe nationale l’an dernier. D’après leur entraîneur Albert Diatta, il n’y a que des femmes originaires du coin dans l’équipe nationale. La plus célèbre lutteuse sénégalaise, Isabelle Sambou, vient de Casamance. Aux JO de 2012, elle est arrivée à la cinquième place. | Aminata et Angèle, 16 ans, poids légers, finissent un combat. | Les filles viennent s’entraîner sur la plage plusieurs fois par semaine. Selon leur entraîneur, il y a beaucoup moins de promoteurs pour les femmes que pour les hommes. Il manque de moyens pour acheter un tapis de lutte et pouvoir initier les jeunes à la lutte greco-romaine. | A l’école primaire, Sirefina Diediou luttait avec les garçons dans la cour de récréation. Il a fallu beaucoup d’énergie et de patience pour convaincre sa mère de la laisser vivre sa passion. Aujourd’hui la famille de Sirefina l’encourage dans sa carrière d’athlète, mais certaines de ses amies continuent de lui dire qu’ elle va “faire fuir les garçons si elle continue à s'entrainer comme ça”. Sire s’en moque. “J’adore la lutte, j’adore le sport, et j’ai un objectif.” | Au festival des Rizières, les lutteurs ouvrent le tournoi avec des danses traditionnelles. | Certains jeunes hommes qui ne peuvent pas lutter s’habillent en femmes et mettent de l’ambiance. Edouard (à gauche), jeune comptable dans une agence immobilière de la ville voisine, ne peut pas lutter à cause d’une blessure au pied. Mais ce n’est pas une excuse pour ne pas prendre part à la fête. | Ces danses traditionnelles doivent montrer la force et la détermination des lutteurs. Ces guerriers plantent leur lance dans le sol en chantant. Les femmes ne prennent pas part à cette danse. | Chaque partie du costume a une signification, la couleur du pagne ou les bracelets aux poignets. La lutte masculine, en Casamance comme dans d’autres parties du Sénégal, porte aussi une part de mysticisme. Cette dimension est beaucoup moins forte dans la lutte féminine. | “ La lutte est notre premier jeu, avant le football”, dit Karafa Diatta, à la tête du comité de lutte du festival. Léna, 5 ans, et Angèle 7 ans, partagent l’arène avec des lutteurs poids lourds. Lors du festival, tout le monde est invité à entrer dans l’arène. | Tirer les cheveux n’est pas autorisé, mais l’arbitre semble occupé ailleurs. | Une jeune débutante a oublié d’enlever ses perles avant d’entrer dans l’arène. | Selon un des organisateurs, avant les compétitions modernes de lutte, il n’y avait pas d’arbitre : c’est le public qui décidait du vainqueur. A cette époque, chaque village avaient ses lutteurs, et les tournois permettaient de multiplier les échanges. | Aminata vient de perdre son combat. Elle espère continuer à progresser dans la discipline. La lutte traditionnelle est différente de la lutte olympique, et les filles doivent apprendre certaines techniques si elles désirent emmener leur passion à un autre niveau. | Un combat entre Sirefina and Aissatou, toutes deux en catégorie poids lourds. Sirefina (à droite) se prépare pour les prochains championnats d’Afrique. |