Depuis l’indépendance du Mali par rapport à la France en 1960, les Maliens n’ont pas toujours été franchement francophiles. La France et son avatar néo-colonial, la Françafrique, ont été beaucoup critiquées ces dernières années dans les pays de son ancien « pré-carré ». Mais pour l’opération Serval lancée ce 11 janvier pour aider l’armée malienne à libérer le Nord de l’emprise de fondamentalistes armés, l’interventionnisme de la France fait presque l’unanimité. On ignore encore combien de temps cette guerre prendra, et quand les troupes françaises, qui ont promis de se désengager à la faveur des forces africaines déployées sur place, se retireront. On ignore aussi l’issue véritable de cette offensive, et quelles seront les conséquences sur le long terme au Sahel, alors que les réactions en chaîne issues de la dernière intervention d’envergure descendue de l’Hexagone- en Lybie- n’ont pas fini de se faire sentir. En janvier 2013, quand on demandait aux Maliens ce qu’ils pensaient de cette intervention chez eux, un mot revenait sans cesse. « Merci ». Mais pour combien de temps encore? Série réalisée au cours de reportages à Ségou, Djenné et Mopti, en fin janvier 2013 - © Laeïla Adjovi | ![]() Depuis le début des opérations françaises pour aider l’armée malienne à reprendre les villes du Nord, les drapeaux des deux pays ont fleuri partout. Comme ici devant une échope de la ville de Ségou. | ![]() Dans une rue de Ségou. | ![]() Kacim, commerçant d’origine burkinabée, vit au Mali depuis plus de 30 ans. Il attend la paix, et avec elle le retour des touristes qui alimentent une partie de l’économie de Ségou. | ![]() Un peu plus au Nord, sur le bac qui permet de rejoindre la ville de Djenné, encore des drapeaux français. Malgré des accusations d’exactions par l'armée malienne, les opérations militaires semblent avoir reçu un soutien massif de la population. | ![]() La rive, vue du bac qui emmène vers Djenné. | ![]() Dans la ville de Djenné, habitée depuis 250 avant JC, la grande mosquée date de 1907, mais le même site abritait avant une mosquée bien plus ancienne. | ![]() La grande mosquée de Djenné est le plus grand bâtiment en banco du monde. | ![]() Tous les ans, les habitants participent à la rénovation de la Grande mosquée, inscrite au patrimoine mondiale de l’Unesco. | ![]() Toute la vieille ville de Djénné est également inscrite au patrimoine mondial depuis plus de 20 ans. Quand les Islamistes radicaux sont descendus vers le sud et ont atteint Kona et Diabaly en début janvier, un vent de panique s’est abbattu sur la ville. | ![]() Comme Tombouctou, sa ville jumelle, Djenné est depuis des siècles un haut centre du savoir, et abrite plusieurs bibliothèques comme celle-ci. | Les origines de certains des manuscrits gardés dans ces bibliothèques remontent jusqu'au 13e siècle. | D’après l’imam de la Grande mosquée, El Hadj Almamy Korobara, “ Si les islamistes étaient arrivés jusqu’ici, ils auraient tout détruit.” | ![]() Ce sont des manuscrits similaires, écrits en arabe ou en ajami (retranscription en caractères arabes des langues peule, wolof, swahilie ou haoussa), à propos de domaines aussi variés que la science, la religion, l’astronomie, ou la médicine, qui ont été détruits ou emportés par des djihadistes lors de l’entrée des forces françaises et maliennes à Tombouctou. | ![]() Traoré Khadija Djennépo est à la tête d’une ONG locale qui vient en aide aux déplacés. Selon elle, les déplacés du Nord manquent de tout, surtout de nourriture. Certains sont logés dans des familles de Djenné, mais leur situation est préoccupante. | ![]() Dans le marché principal de la ville centrale de Mopti, de nombreux drapeux français décorent aussi les étals. “Maintenant qu’ils ont repris Tombouctou, dit Abdoulaye Cissé, un tailleur (à droite), tout va rentrer dans l’ordre. On va enfin pouvoir dormir tranquille.” | ![]() A Mopti, bordée par le fleuve Niger et le fleuve Bani, une partie de la population vit du transport fluvial. De nombreuses marchandises partent d’ici pour atteindre Tombouctou par voie d’eau. Il y a quelques semaines le gouverneur a temporairement suspendu le transport fluvial, craignant que les Islamistes ne s’inflitrent dans la ville par le fleuve. | ![]() Oumar Cissé a fui Tombouctou il y a 9 mois, quand les extrêmistes religieux ont pris sa ville. Depuis, il vit à Mopti dans des conditions très pauvres. Mais avec la nouvelle de la reprise de Tombouctou, il voudrait rentrer chez lui au plus vite. | ![]() “Les affaires vont mal, surtout depuis le 11 janvier”, déplore Walli Ba, vendeur ambulant. Son fils aura 1 an ce 13 février et le jeune papa espère que d’ici là, la paix sera revenue. | ![]() Pendant un cours instant, lors du match entre le Mali et la RDC, l’accent n’est pas sur la guerre et la reconquête du Nord, mais sur le ballon rond et la qualification du Mali pour la coupe d’Afrique des Nations. |