Selon une étude récente d’un expert sénégalais des migrations, 15 000 Sénégalais qui avaient réussi à atteindre l’Europe dans des embarcations de fortune auraient été rapatriés. Mais pour 1 migrant qui atteint les côtes espagnoles, combien trouvent la mort en mer? Les migrations clandestines font chaque année un nombre incalculable de victimes. Près de la capitale sénégalaise, Thiaroye-sur-mer, un petit village de pêcheurs de 45 000 habitants est un des points de départ de pirogues pour les Canaries. La bas, les femmes en ont eu assez de compter les disparus. Elles ont créé une association pour faire face à cette hémorragie aider les jeunes à se fixer dans leur pays, et accompagner toutes ces femmes qui ont perdu un membre de leur famille dans un naufrage vers l’El Dorado. Série argentique, développement et tirage personnels. Thiaroye-sur-mer, Sénégal, octobre-novembre 2010 - © Laeïla Adjovi | ![]() Agir ensemble - Yayi Bayam Diouf, a créé le collectif des femmes en lutte contre l'émigration clandestine (COFLEC) en 2006. | ![]() Mère courage - En quelques mois, Yayi Bayam Diouf a rallié à sa cause certains convoyeurs et de nombreux prétendants au voyage. | Deuil - Pour Yayi, l’engagement a commencé après la mort en mer de son propre fils. « C’est dans cette douleur là, que j’ai dit à toutes ces femmes dont les enfants avaient voyagé avec le mien : qu’est-ce qu’on doit faire ? Soit on s’organise en association pour mener des combats, soit on reste là à pleurer, et on sera encore stigmatisées davantage. » | ![]() Sensibiliser - Réunion du collectif. L’association voulait créer une radio communautaire pour mieux relayer son message mais n’a pas pu obtenir de fréquence. Les fonds ont donc été réalloués pour l équipement d'un centre communautaire de formation des femmes et des jeunes filles. | ![]() Se mobiliser – Ndei Gueye (à gauche) et Ndela Dafé, membres du COFLEC. Ndela a perdu un de ses fils en mer. Un des fils de Ndei a lui réussi la traversée, avant d’être rapatrié. L’association compte aujourd’hui plus de 350 membres. | ![]() Retrouver la paix - Le collectif a créé des activités génératrices de revenus, unités de transformation de poissons, artisanat ou ateliers de teinture. Aram Leye travaille depuis 2007 à l’unité de fabrication de jus de fruits. « Maintenant tout a changé. J’ai pu oublier un peu la perte de mon fils, et j’ai réussi à retrouver la paix intérieure. » | ![]() Requillem - Doudou Ndoye, également membre de l’association, fait visiter le village de Thiaroye. A chaque rue, il s’arrête pour montrer les foyers qui comptent des disparus, happés par l’océan. Ils seraient au moins 200 depuis 2006. | ![]() Au départ de la plage - Les membres du collectif vont jusque sur la plage pour sensibiliser les jeunes. | ![]() Prière salée - Sur ce morceau de plage de Thiaroye-sur-mer, surplombé par une mosquée, le bruit des vagues se mêle cinq fois par jour à l’appel à la prière. | ![]() Traversée - Pour 400 à 600 000 francs CFA (600 à 900 euros) par personne, des convois de pirogues emmènent les prétendants au voyage vers les îles Canaries. | Pêcheurs - La plage est naturellement le repère des piroguiers et des pêcheurs. «La politique de la pêche aujourd’hui ne profite plus aux pêcheurs artisanaux.(…) Ce sont des problèmes socio-économiques qui nous ont poussés à prendre les pirogues et rejoindre les îles Canaries », a expliqué le président de l’association des rapatriés. | ![]() Rires - Plage de Thiaroye-sur-mer. | ![]() Ascension - Selon plusieurs habitants du village, le nombre de départ a beaucoup baissé depuis la création du COFLEC. La lutte contre l’émigration clandestine organisée par Yayi Bayam Diouf a finalement changé aussi la structure de sa communauté. Au conseil des notables, « c’est la première fois dans l’histoire de la tradition qu’une femme est intronisée comme vice-présidente ». | ![]() Le bonheur sous un camion - Dans une rue de Thiaroye, des enfants ont trouvé de l’ombre dans un filet de pêche improvisé en hamac dans un endroit inattendu. |