Il y a environ cinq ans, d’importants gisements d’or étaient découverts dans la partie orientale du Sénégal. Alors que les sociétés internationales d’exploitation minière s’installaient, l’orpaillage artisanal a explosé. Des dizaines de milliers de chercheurs d’or, essentiellement venus du Mali voisin, ont traversé la frontière, transformant certains villages traditionnels en petites villes minières, du jour au lendemain. Dans la région de Tambacounda, c‘est ce qui s’est passé à Diabougou, le plus important site d’orpaillage artisanal du coin. Diabougou, Sénégal, juillet 2011 - © Laeïla Adjovi | Creuser - Sur le site minier de Diabougou, n'importe qui peut choisir un endroit et creuser une galerie, appelée «dama» en Malinké, l'une des langues locales les plus usitées. Il faut environ une semaine pour que la galerie atteignent plusieurs mètres de profondeur, et ainsi espérer atteindre le filon découvert sur le site. Mais "trouver de l’or est une question de chance", lance Pascal Dambele, mineur originaire du Mali. | Site informel - Namori Keita est malien. En matière d’orpaillage, les Maliens ont plus d'expérience que les Sénégalais. Quand ils entendent parler d'un nouveau site informel, ils traversent la frontière et viennent tenter leur chance. Des dizaines de milliers de mineurs sont ainsi arrivés à Diabougou. | Chance - Boroma Dembélé vient du village malien de Niangassou. A 13 ans, il a quitté la maison il y a neuf mois "parce que les gens parlent de Diabougou, et disent que l'or est plus facile à trouver ici qu'au Mali". S’il n’a pas eu de chance jusque-ici, Boroma affirme préférer ce travail à l'agriculture. | Plonger - Boroma Kangara a 15 ans. Lui et son ami Boroma Dembele se relaient pour plonger dans la galerie, creuser et renvoyer les pierres supposées contenir de l’or vers la surface. | Se reposer - Après avoir passé toute la matinée dans la chaleur du dama Boroma Kangara va se reposer. | Métier à risque - Les galeries peuvent aller jusqu’à 20 ou 30 mètres de profondeur. Mais parfois, les damas s’effondrent. «C'est un métier risqué », selon Sidi Macalou, mineur sénégalais âgé de 20 ans (au premier plan). « Les mineurs peuvent être blessés ou tués ». | Vacances scolaires - Fatoumata Keita a 12 ans. Elle est venue du Mali avec sa sœur aînée et sa grand-mère. Toute la journée, la fillette tire sur la corde qui ramène les pierres du fond du dama. "C’est un travail dur, c’est très lourd", assure-t-elle avant d’ajouter qu’elle préfère de loin à l'école. Elle doit y retourner à la fin des vacances scolaires. | Laver les pierres - Avant d’être broyées et lavées de nouveau, les pierres ramenées du fond du dama sont "testées": Certains mineurs avisés savent identifier une roche qui contient de l'or. | Partager - Les roches sont ensuite mises dans des sacs et partagées. En dix jours, quatre creuseurs ont prélevé neuf sacs du dama où ils travaillent. Les creuseurs, qui prennent tous les risques, ne sont pas pour autant ceux qui obtiennent la plus grande part du butin. | Riches - Dans le village originel de Diabougou, près de la case du chef, un garçon écrase des pierres venues du dama. Selon Hamidou Sidibé, mineur malien, " Toutes les personnes importantes du village reçoivent quelque chose. C'est pourquoi ils sont riches ici. C'est sur notre dos." | Dioura - Sur le site minier, appelé "dioura", le travail se termine à 17 heures, et le vendredi est chômé. Après 18 heures, les motos ne sont pas autorisées à circuler dans le niafa, le campement où vivent les mineurs. Une vingtaine d’agents de sécurité ont été désignés parmi les villageois pour faire appliquer ces règles. | Niafa - En Malinké, une des langues locales, "niafa" signifie "le coucher", "l’endroit pour dormir". Ce campement où vivent les mineurs est désormais beaucoup plus grand que le village originel de Diabougou. Et on trouve tout au niafa, des outils, de la nourriture, de l’artisanat, mais aussi des prostituées et de l’alcool. | Traiter l’or - Mamadou Diallo est arrivé du Mali il y a 6 mois. D'habitude, il creuse dans plusieurs damas, mais aujourd'hui, il lave les pierres ramenées à la surface et passées à la broyeuse. Le mineur utilise de l'eau, du savon et du mercure pour traiter l'or. | Pollution - Les mineurs lavent et traitent l'or au mercure dans la rivière voisine du site. En conséquence, les eaux sont polluées et la seule source d'eau propre, une pompe à l'entrée du village, ne peut fournir de l’eau potable pour tous. |